Bart De Wever : « Une opportunité pour l’Europe »

3 avril 2025
Bart De Wever

Selon le premier ministre Bart De Wever, les tarifs douaniers américains pourraient aussi représenter une opportunité pour l’Europe de prendre enfin les décisions difficiles que nous repoussons depuis des années, comme l’approfondissement du marché unique européen. « Souvent, dans la vie, c’est quand on subit une forte pression extérieure qu’on se rapproche les uns des autres », a-t-il déclaré dans l’émission Villa Politica.

De Wever a qualifié les droits d'importation imposés par le président américain Trump de catastrophe pour l'économie mondiale. « Nous allons nous appauvrir, l’inflation va s’installer, les prix vont grimper, l’activité économique va ralentir, l’innovation va stagner… C’est malheureusement ce que provoquent les guerres commerciales dans des économies développées. »

L’Europe doit dépasser les intérêts nationaux

Malgré tout, De Wever voit des opportunités : « L’Europe peut tirer quelque chose de positif de cette situation, si nous avons enfin le courage de prendre les décisions que nous savons nécessaires depuis longtemps, mais qui sont souvent bloquées par des intérêts nationaux. Je pense par exemple à la poursuite de l’unification du marché européen, qui recèle un énorme potentiel économique. »

« En outre, une grande partie du monde — qui croit encore au multilatéralisme, aux règles, à la prévisibilité et à la sécurité juridique — regarde aujourd’hui vers l’Europe. Si nous progressons maintenant dans nos accords de libre-échange, nous pourrons découvrir de nouveaux marchés réciproques et en tirer des bénéfices économiques. »

Ne pas répondre à la folie par la folie

Le premier ministre veut entamer le dialogue, mais n’exclut pas une réaction : « J’ai déjà eu une réunion avec Mme von der Leyen pour discuter d’une réponse européenne. Elle viendra sans doute, mais elle devra rester proportionnée. Des réactions émotionnelles et irréfléchies — comme le proposent certains partis ici — ne feraient qu’aggraver la situation. »

Le principe peace through strength — à savoir la paix armée — s’impose à l’Europe, conclut De Wever. « Si nous allons quémander à la porte de Washington, nous n’obtiendrons pas grand-chose. »

Unité entre toutes les formations

Le président du groupe parlementaire à la Chambre, Axel Ronse, confirme dans Villa Politica que personne ne sortira gagnant d’une guerre commerciale. « En dehors de nos pays voisins, les États-Unis sont notre principal partenaire commercial. Nous y exportons pour plus de 33 milliards d’euros. Il est donc crucial de miser sur la diplomatie économique. »

Johan Van Overtveldt, chef de groupe au Parlement européen, appelle également à la négociation tout en renforçant les fondements économiques de l’Union européenne.

« Cette posture américaine n’est pas nouvelle, mais elle atteint effectivement des proportions inédites sous Trump II. Cela ne doit toutefois pas nous déstabiliser. N’oublions pas non plus que les droits de douane, tant du point de vue économique qu’historique, se retournent toujours comme un boomerang contre ceux qui les imposent. Il est essentiel de garder notre calme et de passer à l’action », conclut Van Overtveldt.

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