Assita Kanko : « L’accord énergétique avec l’Azerbaïdjan ne doit pas empêcher l’UE d’intervenir de manière ferme au Haut-Karabagh »

21 septembre 2023

L’attaque de l’Azerbaïdjan dans la région du Haut-Karabagh a ravivé le conflit avec l’Arménie dans toute son intensité. La question a été abordée d’urgence au sein de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, où l’eurodéputée Assita Kanko a exprimé son inquiétude et appelé l’UE à l’action : « L’attaque de l’Azerbaïdjan équivaut à une épuration ethnique. L’UE ne peut détourner le regard et doit intervenir de manière ferme. Mais quels moyens de pression nous reste-t-il ? Quel est le degré de liberté de l’UE après l’accord énergétique passé avec l’Azerbaïdjan l’année dernière ? »

La situation au Haut-Karabagh inquiète depuis quelque temps déjà. En raison de la fermeture du corridor de Latchine, seule voie d’accès vers la région, la population locale fait face à une pénurie d’aliments, de médicaments et de carburant. Depuis la guerre de 2020, les tensions persistent et le conflit figure en bonne place sur l’agenda international. La situation n’évolue toutefois guère. « Les tentatives du président du Conseil européen Charles Michel et du Haut représentant Joseph Borrell en vue d’une solution diplomatique n’ont guère fait impression en Azerbaïdjan. C’est le moins que l’on puisse dire. La Commission européenne n’a-t-elle pas coincé l’UE en la rendant dépendante sur le plan énergétique ? », se demande Kanko.

Accord énergétique stratégique

La présidente de la Commission européenne Von der Leyen a conclu en juillet 2022 un accord énergétique stratégique avec l’Azerbaïdjan en vue de la livraison de gaz. « L’UE ne peut se passer d’accords. Ils sont importants sur le plan géopolitique pour notre position internationale. Mais cela ne veut pas dire que l’UE est pieds et poings liés. Nous devons passer outre le dogmatisme écologiste et investir dans les centrales nucléaires. C’est fondamental. Notre accord énergétique avec l’Azerbaïdjan ne doit pas nous empêcher d’intervenir et de faire entendre notre voix européenne dans ce conflit. »

Sanctions européennes et garanties de sécurité

Le Haut représentant Joseph Borrell a déjà appelé à mettre un terme aux violences et à rouvrir le dialogue entre les deux pays. « Qui écoute encore Borrell ? L’UE ne peut se contenter d’appeler à la raison et au dialogue. Quelles sanctions est-elle prête à prendre ? Quelles garanties de sécurité va-t-elle soutenir pour les 120 000 Arméniens vivant sur ce territoire ? Nous devons cesser d’être naïfs et tout faire pour mettre un terme à cette explosion honteuse des violences. Notre passivité nous rend complices », a déclaré sans ambages Assita Kanko lors du débat.

Échec de la diplomatie européenne

Venu donner des explications au sein de la commission des affaires étrangères, le service diplomatique de l’UE a expliqué que l’Union avait fait tout ce qu’elle pouvait et a dénoncé l’attitude des troupes russes qui n’ont rien fait pour préserver la paix dans la région. Une réaction qui déçoit Assita Kanko : « Quel degré de naïveté faut-il atteindre pour espérer de la Russie qu’elle veille sur la paix ? L’UE ne tire-t-elle donc jamais de leçons ? La politique diplomatique de l’UE est un échec. Cette escalade était prévisible depuis des mois. La population locale a besoin de toute urgence d’une action volontaire et d’une aide concrète de l’Europe. Agissons rapidement ! »

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