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Assita Kanko : « Josep Borrell place l’Europe face à un problème de crédibilité »
L’eurodéputée Assita Kanko émet de sérieuses réserves quant à la désignation de Josep Borrell en tant que haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. En tant que ministre espagnol des Affaires étrangères, Borrell, qui passe son examen au Parlement européen ce lundi, a exclusivement misé sur la répression dans le dossier catalan. « Son passif place l’Europe face à un problème de crédibilité », estime Assita Kanko.
Des prisonniers politiques dans un pays moderne
« Plutôt que de poursuivre une solution politique négociée, Josep Borrell accepte qu’un pays moderne enferme des prisonniers politiques. Et en tant que ministre espagnol des Affaires étrangères, il a renvoyé un diplomate d’un autre État membre de l’Union européenne qui avait exprimé sa préoccupation quant à la politique de répression et à l’absence de dialogue politique en Espagne. Il a également refusé la désignation d’un successeur. Son approche est tout sauf constructive », estime Assita Kanko.
Une honte pour l’Union européenne
En tant que membre du gouvernement espagnol, Borrell est en partie responsable du fait que le Parlement européen ne soit pas valablement composé en raison de la négation des voix des électeurs catalans. L’eurodéputée Kanko explique : « Puigdemont (ex-président catalan, N.D.L.R.) a été élu démocratiquement, mais il ne peut pas entrer au Parlement européen. Je l’ai vu devant l’entrée la semaine dernière. C’est une honte pour l’Union européenne, qui entend jouer un rôle majeur dans la défense des valeurs démocratiques. Tout démocrate devrait s’y opposer avec force. Mais pas Borrell. »
Autorité morale en matière de droits de l’homme
Si l’Europe souhaite intervenir dans un pays tiers afin de faciliter le dialogue politique, de garantir les droits des opposants politiques et des citoyens et de défendre l’État de droit, les institutions démocratiques et la bonne gouvernance, ce plaidoyer sonnera faux dans la bouche de Borrell, estime Kanko : « Le journaliste d’investigation Norbert Zongo, mon mentor, est mort pour la liberté d’expression. Nous admirions l’Europe, continent des Lumières. L’Europe devrait avoir honte de la façon dont elle se comporte vis-à-vis de ses propres citoyens. Nous perdons toute autorité morale en matière de droits de l’homme. »
Assita Kanko écoutera avec beaucoup d’attention les déclarations de Borrell concernant les droits de l’homme. « Peut-être va-t-il me surprendre et tendre la main aux Catalans. Mais ça m’étonnerait », conclut-elle.