La nature n’a pas besoin de l’homme. C’est nous, au contraire, qui dépendons d'elle.

15 décembre 2015
La nature n’a pas besoin de l’homme. C’est nous, au contraire, qui dépendons d'elle.

« Mettre fin à la perte de la biodiversité est nécessaire non seulement pour la nature elle-même, mais aussi pour des raisons socioéconomiques », écrivent trois parlementaires de la N-VA dans une lettre ouverte aux ministres européens de l'Environnement. L’un d’entre eux est le parlementaire européen Mark Demesmaeker, auteur du rapport sur la biodiversité au sein du Parlement européen.

Chers ministres européens de l’Environnement,

Comme vous le savez, la Commission européenne se penche en ce moment sur les directives Oiseaux et Habitats, éléments essentiels de la politique européenne en matière de protection de la nature. La Commission veut vérifier si cette législation est adaptée au but poursuivi. En d’autres termes : cette législation est-elle encore efficace, efficiente et pertinente ? Ou doit-elle être repensée ?

Quelles sont les tendances actuelles ? Plus d’un demi-million de citoyens ont indiqué dans une consultation en ligne que les directives relatives à la protection de la nature ne pouvaient pas être modifiées. Dans ce contexte, vous vous réunirez mercredi prochain pour discuter d’une révision éventuelle des directives européennes relatives à la protection de la nature. L’accord de Paris pour le climat a à peine été rédigé qu'un autre accord essentiel s’impose afin de protéger notre patrimoine naturel (européen).

Au sein du Parlement européen, une large majorité s’oppose d’ores et déjà à une éventuelle révision. Dans une lettre conjointe à la Commission européenne, soutenue par les différentes fractions, Mark Demesmaeker a clairement précisé qu'une révision de ce type n'était pas une solution. En effet, le problème ne réside pas au niveau de la législation elle-même, mais de son application. Une révision compromettrait en outre la réalisation des objectifs en matière de biodiversité à l’horizon 2020, créerait une longue période d’incertitude juridique et causerait potentiellement un affaiblissement de la législation.

Le Parlement européen n’est pas le seul à partager cet avis. Dans votre Conseil des ministres de l’Environnement, il existe également un consensus de plus en plus large sur la nécessité de concentrer tous les efforts sur une meilleure mise en application de la législation existante. Un certain nombre d’États membres, parmi lesquels l’Allemagne, la France, l’Italie, la Pologne et l’Espagne, ont fait valoir ce point de vue dans une lettre adressée à la Commission. La Belgique s’est ralliée vendredi dernier à cette « coalition des volontaires ». Fin novembre, la ministre luxembourgeoise de l’Environnement, Carole Dieschbourg, a fait passer un message clair et sans équivoque à la présidence du Conseil : c’est une question de crédibilité politique. Elle a également rappelé que la nature n’a pas besoin de l’homme, mais que c’est nous, au contraire, qui sommes particulièrement dépendants d’elle.

Le premier rapport de la Commission européenne concernant le « fitness check » nous conforte dans notre conviction. De fait, si les directives relatives à la nature sont appliquées correctement, elles seront efficaces, efficientes et pertinentes. Bien que le bilan environnemental soit désastreux (à peine 16 pour cent des habitats et 23 pour cent des espèces se portent bien), il est clair que la situation serait encore pire sans les directives relatives à la nature : les espèces et habitats situés dans les sites Natura 2000 s'en sortent mieux.

Mettre fin à la perte de la biodiversité est nécessaire, non seulement pour la nature elle-même, mais aussi pour des raisons socioéconomiques : la non-réalisation de l’objectif principal pour 2020 coûte à l’UE 50 milliards d’euros par an. Un emploi sur six en Europe est lié dans une certaine mesure à la nature. Il convient en outre de signaler que les coûts encourus pour la gestion des sites Natura 2000 sont largement inférieurs à tous les avantages que comportent ces sites (5,8 milliards d’euros par an, par rapport à 200 à 300 milliards d’euros). Le directeur de l’Agence européenne pour l'environnement, Hans Bruyninckx, a aussi répété à plusieurs reprises qu'il n'était pas uniquement question de plantes et d'animaux, mais de l'homme et de la société dans son ensemble.

Il faut donc inverser la tendance. C’est uniquement possible s’il existe une volonté politique suffisante de faire figurer la nature et la biodiversité en tête des priorités : au niveau international, en Europe, mais aussi au niveau régional et local. Pour une meilleure mise en application des directives relatives à la nature, il semble essentiel que la Commission européenne communique des lignes de conduite plus claires ; un point de vue également partagé par le Comité des Régions. Par ailleurs, la Flandre peut soumettre quelques bons exemples qui servent de source d’inspiration au reste de l'Europe. Pensez par exemple au plan Sigma et aux projets dans le port d'Anvers, qui démontrent que l'économie et l'écologie peuvent se renforcer mutuellement.

Chers ministres européens de l’Environnement, nous espérons que la coalition des États membres qui œuvrent pour une application plus rapide et plus efficace des directives relatives à l’environnement se sera étendue à tous les États membres européens d’ici le 16 décembre. C’est non seulement essentiel pour l’environnement naturel (européen), mais aussi pour notre santé, et pour le bien-être et la prospérité de nos enfants et petits-enfants.

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